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Libération
TRIBUNE

Elites françaises, les pisse-froid de l'Europe

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publié le 18 février 2002 à 22h18

L'euro a été plébiscité par les peuples européens, du cercle polaire à la Méditerranée, du Connemara à la ligne Oder-Neisse. C'est à un véritable référendum en faveur de la monnaie unique européenne auquel nous venons d'assister. Ce succès, personne ne l'attendait, même si les plus fervents des Européens en rêvaient. Chacun s'était plutôt préparé aux scénarios catastrophes: cette révolution pacifique sans précédent allait sans aucun doute susciter quelques couacs de belles ampleurs, des manifestations de rejets, des poussées d'urticaire antieuropéenne.

Tranquillement, silencieusement, joyeusement même, les citoyens se sont approprié leur nouvelle monnaie. Les sondages confirment ce fait tout simple: les peuples aiment l'Europe, cette Europe qui leur a apporté paix et prospérité. Wim Duisenberg, le président de la Banque centrale européenne, en a tiré les conclusions politiques dès le 3 janvier: «Les citoyens ont accepté avec enthousiasme leur nouvelle monnaie. C'est un signal clair pour davantage d'intégration européenne.»

En Allemagne, en Finlande et ailleurs, le débat sur l'intégration politique a été relancé. Tout comme il l'a été en Grande-Bretagne, en Suède et au Danemark, trois pays de l'Union qui ont pourtant décidé de rester en dehors de l'union monétaire. En France, l'euro n'a suscité qu'un silence pesant, persistant, total. Politiques et intellectuels, pourtant si prompts à donner leur avis sur les affaires du monde, n'ont pas su trouver les mots. L'euro est hors déb