Et revoilà la fracture sociale! Dès sa première intervention de candidat, Jacques Chirac n'a pas manqué de citer le récent rapport de l'Observatoire national de la pauvreté, selon lequel la forte croissance de ces dernières années n'aurait pas permis de réduire le nombre de pauvres. N'est-ce pas la preuve que le gouvernement socialiste a failli? Pourtant, à y regarder de plus près, il n'est pas sûr que les chiffres publiés la semaine dernière soient aussi étonnants qu'il pourrait sembler.
Il faut tout d'abord rappeler que la notion de pauvreté utilisée en France est une notion relative: est définie comme pauvre toute personne dont le revenu est inférieur à la moitié du revenu médian. Par exemple, en 2000, le revenu médian était de 6 722 francs par mois, et le seuil de pauvreté était donc de 3 361 francs (pour une personne seule). 50 % de la population disposaient de moins de 6 722 francs (c'est la définition du revenu médian), et 11,3 % de moins de 3 361 francs (c'est le taux de pauvreté). Pour que le taux de pauvreté diminue, il est donc nécessaire que les revenus les plus faibles progressent plus rapidement que le revenu médian. Or, d'après les estimations de l'Observatoire de la pauvreté, les revenus des ménages pauvres seraient en 2000 de l'ordre de 3 % plus élevés qu'en 1997 (en francs constants), de même que le revenu médian. Le taux de pauvreté est donc resté stable autour de 11-11,5 %.
Il n'y a aucune raison de s'attendre à ce que la croissance, en tant que telle, cond