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Libération

La route, zone de non-droit

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publié le 19 février 2002 à 22h19

Ces derniers temps, la presse écrite, les journaux télévisés, les radios, se faisaient l'écho d'un «événement» aéronautique: un jeune homme, pour épater sa petite amie, a fait, avec le petit avion sur lequel il apprend à piloter, un «piqué» sur son village. Son geste imbécile, outre l'énorme publicité, lui a valu d'être sévèrement sanctionné: interdiction de vol, comparution judiciaire...

Automobiliste parisien, j'emprunte régulièrement le périphérique et la portion d'autoroute qui relie Paris à Fontainebleau (ce tronçon est certainement un des plus denses de France, donc ­ on peut le penser ­ un des plus surveillés). A 130 km/h, avec une petite voiture, je me sens souvent dans la peau d'un marginal, méprisé, relégué à «la voie de droite», ce qui, toutefois, offre l'avantage d'un poste d'observation privilégié. Chaque jour, je suis le témoin de dizaines de comportements (excès de vitesse, non-respect des distances de sécurité, dépassements par la droite, voire sur la bande d'arrêt d'urgence...) dont la dangerosité et les conséquences n'ont rien à «envier» à un piqué en avion sur une maison de village, et cela, dans un total silence médiatique et en toute impunité. J'ai de plus en plus l'impression, malgré les gesticulations de monsieur Gayssot (ministre des Transports, ndlr), que la route en France est devenue une zone de non-droit (cette expression est empruntée à la terminologie propre aux banlieues, mais y dénombre-t-on, comme sur la route, près de 8 000 morts et des dizai