D'accord, la sécurité est un problème. D'accord, le sentiment d'insécurité n'est pas un simple fantasme, une peur irrationnelle des individus et des groupes les plus fragiles, les plus faciles à effrayer. Pour imparfaites qu'elles soient, les statistiques des délits ne doivent pas être prises à la légère. Certains quartiers sont devenus invivables et bien des écoles ont du mal à contrôler les conduites des adolescents. Il ne s'agit pas de nier l'existence d'un problème de délinquance juvénile et de sécurité. Mais cela justifie-t-il que la campagne électorale qui s'engage en fasse le seul problème, le coeur de tous les débats, de tous les affrontements et de toutes les démagogies?
1) De toutes les démagogies d'abord, parce que l'insécurité apparaît moins comme un problème que comme un fait. Et pour transformer la myriade des délits et des peurs en enjeu politique, il faut un certain travail. Il faut que la presse et la télévision martèlent les faits divers afin que chacun finisse par croire que ça s'est passé près de chez lui. Il faut construire des stéréotypes: toutes les grandes cités de banlieue sont dangereuses, tous les jeunes qui y habitent sont délinquants, tous les trains sont des coupe-gorge, tous les adultes sont des pédophiles potentiels, toutes les insultes entre les jeunes sont des menaces de mort... Il y a suffisamment de faits divers pour alimenter la peur et convaincre les gens que là est leur véritable problème. Plus la police et la justice seront efficaces, p