Le Venezuela sera-t-il la prochaine victime collatérale de la «guerre contre le terrorisme» décrétée par George W. Bush? Selon la doctrine officielle du «avec nous ou contre nous», tout régime qui ne défend pas comme les siens propres les intérêts politiques et économiques des Etats-Unis d'Amérique est passible d'être qualifié de promoteur, fût-il tacite, du terrorisme international. Jusqu'ici, seuls quelques Etats «voyous» avaient été directement menacés par Washington. Mais, depuis quelque temps, la cible américaine est braquée sur un objectif inhabituel: le gouvernement vénézuélien du président Hugo Chávez.
Le 5 février, le secrétaire d'Etat Colin Powell, interpellé par le sénateur Jesse Helms, a regretté devant le Congrès que le Venezuela n'ait pas appuyé la campagne militaire en Afghanistan «autant qu'il aurait pu le faire», et s'est dit préoccupé par les opinions du président Chávez sur «ce qu'est un système démocratique». Le lendemain, ce fut le tour de George Tenet, directeur de la CIA, de constater que «l'insatisfaction interne vis-à-vis du président Chávez allait augmentant» et de prédire que, en raison de la chute des prix du pétrole, «la crise allait probablement s'aggraver» dans ce pays producteur et fournisseur des Etats-Unis. Doit-on s'étonner que ces déclarations surgissent au moment même où l'opposition conservatrice vénézuélienne dénonce le caractère «communiste» du programme économique gouvernemental et multiplie les actions de rue pour demander le départ d