En ce début du XVIe siècle après l'Hégire, durant le mois sacré de Dhoû-l-hijja, j'allais partir moi aussi à La Mecque comme deux millions de mes coreligionnaires pour le pèlerinage, qui est l'un des piliers de l'islam. Dès la montée dans l'avion, j'allais revêtir, moi aussi, l'habit d'ihrâm, ces deux pièces d'étoffe sans couture qui m'auraient fait sentir la froideur et la simplicité du linceul avant de suivre le rituel, à commencer par la talbiya, quelque peu difficile à prononcer en arabe pour le Turc que je suis : « Labbaïkal-lâhoumma labbaïk, labbaïka lâ charika laka labbaïk ! » (« Me voici à Toi, ô mon Dieu, me voici à Toi ! Pas d'associé à Toi ! »)
Non pas que j'eusse entendu l'appel d'Allah (« Lance parmi les hommes mon appel au Haj ; ils viendront. A pied, ou portés sur leurs fines montures, ils viendront du plus profond des quatre horizons »), mais j'avais tout simplement accepté de couvrir pour le quotidien turc Hürriyet un événement de grande importance : le rassemblement des croyants autour de la Maison d'Abraham, ancêtre de tous les prophètes. Le Coran ne disait-il pas : « En vérité, le premier Temple qui ait été fondé pour les hommes est certes celui situé à Bakka, temple béni et Direction pour le monde ; [...] quiconque y pénètre est en sécurité. Allah a imposé aux hommes à celui qui en a les moyens de s'y rendre en Pèlerinage » (III, 96-97). Bien que je ne sois pas pratiquant, ni d'ailleurs un musulman zélé, j'avais bien préparé le voyage, lu ce qu'il fal