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TRIBUNE

Textos: la novlang du coeur

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par Pascal Lardellier
publié le 1er mars 2002 à 22h27

La vogue actuelle des télémessages, ces courts textes échangés par les possesseurs de téléphones portables, illustre de manière éclatante le détournement inattendu d'un média, en même temps qu'il entérine un nouveau mode de communication interpersonnelle, ludique et romantique.

C'est le nouveau passe-temps branché, qui, discret et jubilatoire, a gagné, en quelques mois, tout à la fois cours d'amphi et réunions fastidieuses, transports en communs et mornes salles d'attente, soirées bruyantes, moments creux à remplir et instants euphoriques à partager: la mode des «textos» ou SMS (short messaging service), ces courts messages (160 caractères maxi) envoyés de particulier à particulier, de mobile à mobile.

La quasi-totalité des contrats de téléphonie mobile intègre désormais un forfait textos, les nouvelles générations d'appareils offrant de plus une réelle valeur ajoutée technologique, avec nombre de fonctions spécifiques, de la saisie prédictive à la possibilité de transférer toutes sortes de données.

Tout fait farine, décidément, au moulin du marketing. Mais il n'en a pas toujours été ainsi.

L'engouement pour ce mode de communication longtemps délaissé, considéré comme archaïque, a d'abord pris de court les opérateurs: et pour cause, jusqu'en 1999, la possibilité d'échanger ce type de messages n'était même pas normalisée. Cette époque est révolue, et le succès des textos consacre ces «braconnages des techniques» chers à Michel de Certeau. Tout en donnant, par la même occasion, un