Certes, les Américains sont réputés pour leur goût immodéré de l'argent et la perversion du principe puritain qui fait de l'argent la juste récompense du travail fourni. Ce n'est pas là le fond du problème du scandale Enron, car la malhonnêteté ne date pas d'aujourd'hui. Le problème, c'est fondamentalement l'existence d'un cadre légal (paradis fiscaux, détaxes diverses...) et institutionnel (gestionnaires de fonds) qui favorisent toutes les turpitudes.
Le cadre légal, tout d'abord, parce qu'il autorise des comportements frauduleux. Exonérer d'impôts sur les bénéfices, via des paradis fiscaux, les ventes réalisées à l'étranger, c'est sans doute une forme sophistiquée d'aide à l'exportation, mais c'est en soi de la fraude par rapport à la concurrence étrangère. La définition de la fraude repose alors sur des négociations permanentes entre le gouvernement (américain) et les entreprises. Quant aux gestionnaires de fonds, je leur reproche leurs exigences de lisibilité des bilans et des comptes d'exploitation, qui amènent les entreprises à intervenir sur deux axes: la réduction de leur périmètre d'activité (ce qu'elles vendent) et la réduction de leur périmètre d'exploitation (les moyens mis en oeuvre pour produire). Il en résulte certes une simplification des bilans, mais aussi et surtout un accroissement considérable des engagements contractuels de toutes sortes. Ainsi, l'entretien des bâtiments devra toujours être assuré. Ces mêmes bâtiments seront toujours occupés. Simplement,