Alors que le Proche-Orient est à nouveau à feu et à sang, c'est en principe aujourd'hui, 6 mars, que la chambre des mises en accusation de la cour d'appel de Bruxelles se réunira pour examiner la plainte de 23 personnes contre le Premier ministre israélien en exercice, Ariel Sharon. Et bien que le ministère public ait fait état de problèmes de constitutionnalité, l'avocat général, on le sait, a estimé que la justice belge était en droit de poursuivre Ariel Sharon. Tel est le résultat, invraisemblable mais prévisible, de l'adoption par la Belgique d'une loi surréaliste dite de «compétence universelle», datant de 1993 et révisée, en 1999, par le Parlement belge. Depuis, entre Bruxelles et Jérusalem, la nervosité, au fil des mois, n'a pas cessé de monter.
Ariel Sharon, qui n'hésite pas à affirmer que ce procès vise «le peuple juif tout entier», a pu, fin janvier, par avocat interposé, exposer son point de vue: pour maître Adrien Masset, «la Belgique n'est pas compétente, car il n'existe aucun lien rattachant ce pays aux camps de Sabra et Chatila». Il convient de remarquer, par ailleurs, que le Premier ministre de l'...tat hébreu devrait bénéficier, en vertu du droit européen, de l'immunité rattachée à sa fonction.
S'engouffrant dans la brèche juridique créée par cette loi belge, les plaignants voudraient voir l'ancien général et ministre de la Défense jugé et condamné. A l'instar d'un Klaus Barbie ou d'un Maurice Papon. Le parquet de Bruxelles, bien évidemment, n'a pas pu faire a