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Libération
TRIBUNE

La leçon d'Enron

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par Philippe DESSERTINE
publié le 6 mars 2002 à 22h30

Contrairement à une opinion répandue, Enron ne doit pas être considéré comme une affaire strictement américaine. D'abord, la faillite d'une société ayant un chiffre d'affaires comparable aux plus grosses entreprises françaises (101 milliards de dollars) peut avoir des répercussions économiques sur l'ensemble de son secteur, y compris en Europe. Mais, surtout, cette faillite se double d'un scandale lié à des pratiques contestables dans la présentation des états comptables. Elle illustre combien l'absence de crédibilité en l'information économique peut s'avérer désastreuse; un risque majeur apparaît: celui d'une perte de confiance générale dans le fonctionnement des marchés financiers. S'il s'avère indispensable aux Etats-Unis d'entamer rapidement dans ce domaine une réflexion de grande ampleur, il est plus urgent encore en Europe de procéder à une réforme totale du système d'information financière.

Que reproche-t-on aux entreprises américaines? D'abord, d'avoir enfreint la loi en dissimulant délibérément certains faits pour permettre aux dirigeants de vendre leurs actions au meilleur prix; ensuite et surtout, de ne pas avoir respecté le principe même de l'information financière, la transparence, pour organiser une opacité utile en situation délicate. Un observateur superficiel de l'économie américaine a pu être surpris par cette révélation. En réalité, des éléments convergents sont depuis plusieurs années les indices clairs de dysfonctionnements dans les pratiques de communica