Ce qui est fascinant dans l'aventure dans laquelle Jean-Marie Messier jette son entreprise, c'est le mélange d'intérêt que suscite sa stratégie, la banalité et la dangerosité de celle-ci. En traversant l'Atlantique, il n'a fait que suivre le sillage d'un grand nombre de ses prédécesseurs mais il entreprend le voyage dans des conditions fort différentes des leurs.
Les premiers entrepreneurs du cinéma européen comprirent tout de suite que l'avenir se trouvait aux Etats-Unis. Les Lumière puis Charles Pathé ouvrirent dès la première décennie du siècle dernier des bureaux à New York et des studios dans le New Jersey. De ce point de vue, Jean-Marie Messier n'a rien inventé. Même cette association du contenu et du contenant, qu'il présente comme originale, est vieille de près d'un siècle. En 1906, Carl Laemmle, un immigré allemand, commença sa carrière dans le cinéma comme propriétaire de salles. Pour ne pas dépendre des producteurs, il fonda sa propre société de production et en racheta d'autres. En 1912, il les réunit toutes sous un même nom... Universal.
Hollywood, contenant-contenu... les exemples abondent mais le monde a changé. Pour rentabiliser la production et la diffusion d'images, il faut bien sûr être un homme d'argent mais aussi commencer par aimer et connaître le cinéma. Ceux qui sont familiers de l'histoire d'Hollywood savent qu'elle a pu devenir ce qu'elle est parce qu'elle s'est constamment nourrie de réalisateurs et de comédiens étrangers. Les producteurs savaient re