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Libération

Saloperie d'hirondelle

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publié le 12 mars 2002 à 22h33

C'est le printemps ­ le ciel dit ça, et la douceur de l'air encore brumeux d'une humidité tiède; et du printemps des huissiers expropriateurs, en s'en allant flâner, dans la nuit douce de vendredi, sous les colonnes mussoliniennes du Palais de Tokyo, on perçut un autre signe annonciateur.

Voici peu, sur l'esplanade, une jeune femme avait installé son matelas de SDF, tout contre les vitres du «Site de création contemporaine» récemment aménagé (Libération du 21 janvier) dans l'aile ouest du bâtiment. Le bobo en balade, du chaud de l'intérieur, pouvait la contempler, dans le froid du dehors, comme un prolongement des gadgets exposés dans un vide ponctué de rien (le site est un autre avatar d'un art contemporain qui n'accroche que sa vacuité, dans le concept antédiluvien du Nique ton art et Fuck l'esthétique, avec l'alibi d'une interactivité de téléphone portable ­ «T'es où, là?»). En son état, à cet endroit, cette femme incarnait ­ à son corps défendant? ­ la caricature d'un arte povera atrocement abouti, et le pendant trop réaliste des mannequins inertes disséminés dans «l'espace muséal». D'où elle était, elle aurait presque pu apercevoir sa soeur de cire posée sur un carton, et autour de laquelle déambulent plus de gardiens (ces hommes en noir qui tiennent leur talkie-walkie comme un revolver) que de visiteurs.

Leur face-à-face n'aura pas duré. Pour que ne soient pas confondus l'art et la vie, en même temps que la crasse était dedans savamment répartie, le dehors du site a