Sylvie Brunel en appelle à l'Etat «pour qu'il remette de l'ordre» dans la galaxie des ONG. Mais il est un peu facile de crier haro sur les ONG.
D'abord, il ne faut pas tout mélanger: les plus médiatisées, les «urgencières», ne forment pas le tout des ONG; celles qui font du développement patiemment, longuement et sans bruit, celles qui font de l'expertise ou qui défendent des droits (des enfants, des femmes, etc.), celles qui sont tribunitiennes (en organisant des campagnes d'opinion), toutes celles-là méritent un autre jugement que celui qui est hâtivement porté.
Ensuite, il faut examiner la responsabilité des Etats: si l'on a l'humanitaire que l'on a aujourd'hui, c'est d'abord parce que les Etats peu courageux ou empêtrés dans des constructions stratégiques complexes, n'ont pas été à la hauteur de leurs missions internationales: quand on n'a pas de politique étrangère européenne dans les Balkans, il nous reste les ONG! Alors, on leur donne les moyens que les diplomates n'ont pas, et on exerce de l'influence, et on est présent quand même!
Enfin, il est paradoxal de conclure sur les désillusions des «jeunes volontaires»: si les ONG suscitent aujourd'hui un tel engouement (il n'y a qu'à voir le nombre sans cesse croissant d'étudiants voulant s'inscrire dans les filières préparant à ces métiers), c'est bien parce qu'elles représentent un des derniers bastions du sens dans l'ordre de l'action: peu de métiers car il s'agit de vrais métiers où la compétence est nécessaire et en ce