Merveille de la civilisation! Ainsi que l'avaient annoncé des oracles olympiques et des banquiers, il n'aura guère fallu attendre pour voir mûrir les fruits démocratiques promis par l'attribution des JO à l'empire du Milieu. Comme en témoigne la décision, prise lundi par Pékin, d'introduire dans son code une nouvelle technique d'exécution de ses condamnés (Libération du 12 mars). Empruntée aux Etats-Unis, cet autre grand assassin d'Etat, l'injection létale va donc signer l'arrêt de mort de la pittoresque coutume locale consistant à facturer aux familles des suppliciés la balle que le bourreau leur tirait dans la nuque. Tout, partout, fout le camp... L'Amérique a connu cela. Avec l'injection, si propre et indolore, c'en sera bientôt définitivement fini de tout ce qui fit le charme des exécutions «à l'ancienne», se plaignent les tenants de modes opératoires plus artisanaux. Ils ont raison. Car à quoi sert d'exécuter, si c'est pour priver le public du spectacle ou du fantasme de spectacle de la vie qui passe, du délicieux instant de la mort vécue, et du spasme qui rime si bien avec orgasme? Avec l'injection qui endort, on ne perçoit rien! On ne voit plus la langue qui sort de la bouche du pendu, on ne sent plus l'odeur de cochon brûlé que dégage dans des crépitements la chair de l'électrocuté, on n'entend plus la toux violente du gazé et l'on ne sursaute plus à l'unisson du corps fusillé. C'est qu'avec cette manie de tout aseptiser, si l'on électrocute encore, aux Etats-Uni
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