La revue de l'Insee vient de publier un article (1) qui évalue à 460 000 le nombre d'emplois créés ou sauvegardés entre 1994 et 1997 grâce aux mesures d'allégement de charges. Cette étude sert de référence, aussi bien à Jacques Chirac, dans son discours de Saint-Cyr-sur-Loire, qu'à Jean Pisani-Ferry (2). On peut s'interroger sur la publication de cet article en pleine campagne. On peut en tout cas émettre de très sérieuses réserves quant à la validité scientifique d'une telle évaluation.
1. L'article commet une erreur fondamentale de méthode qui consiste à penser qu'on peut extrapoler les comportements interentreprises à l'ensemble de l'économie. Personne ne conteste qu'une entreprise va perdre ou gagner des parts de marché selon que son prix augmente ou baisse par rapport à celui de ses concurrents. On peut mesurer cet impact et trouver par exemple qu'une baisse de 10 % du prix permet de gagner 5 % de part de marché. Cette évaluation est plus ou moins facile à réaliser mais ne pose pas de problèmes de méthode. Il en va tout autrement si on cherche à en inférer qu'une baisse de 10 % du prix de toutes les entreprises va conduire à une augmentation du PIB de 5 %. La croissance du PIB est en effet commandée par d'autres variables que les prix relatifs, et une telle déflation aurait bien des chances de provoquer une récession. C'est pourtant ce coup de force épistémologique que réalise l'article de l'Insee.
2. Si l'on parle ici de croissance plutôt que d'emploi, c'est que cette ét