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Libération
TRIBUNE

Le pacte de Tony Blair avec Berlusconi

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par Philippe Marlière
publié le 21 mars 2002 à 22h39

La rencontre officielle entre Tony Blair et Silvio Berlusconi, le 15 février dernier à Rome, n'aura surpris que ceux qui voient dans le Premier ministre britannique le rénovateur de la social-démocratie européenne. Le quotidien de droite Libero, proche de Berlusconi, a pu, bien sûr, exulter : « La politique poursuivie par M. Blair montre qu'il n'y a plus dorénavant qu'une seule voie : la voie libérale ! » En France, Alain Madelin a affirmé pouvoir « signer sans hésitation, sans reniement et avec conviction » le pacte des leaders britannique et italien.

Mais les faits sont têtus : de l'appel à saborder l'Internationale socialiste pour la remplacer par une « Internationale centriste » en 1998 aux travaux pratiques de sa politique post-conservatrice, en passant par le « Manifeste de la troisième voie » cosigné avec Gerhard Schröder, M. Blair ne perd jamais une occasion de ridiculiser le mouvement socialiste. La signature d'un document italo-britannique appelant à davantage de dérégulation des services publics et à une flexibilité accrue du travail ne constitue pas simplement l'ultime avatar du mauvais coucheur de la social-démocratie. Celui qui affirme calmement que les notions de droite et de gauche sont « totalement dépassées », que les fonctionnaires britanniques qui s'opposent aux privatisations de l'école publique, du métro de Londres ou des hôpitaux sont des « saboteurs », vient, avec ce voyage à Rome, de franchir la ligne jaune.

Ce texte officiel marque un pas décisif dans