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Libération
TRIBUNE

Arlette et Le Pen, incarnations du peuple

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par Christophe GUILLUY
publié le 25 mars 2002 à 22h41

Lutte ouvrière et le Front national peuvent-ils se réduire à leur seul cursus idéologique ? La dénonciation du trotskisme de l'un et du national-populisme de l'autre permet-elle de répondre à ce vote antisystème ? Suffit-il de pointer le sectarisme de deux organisations en froid avec la (social-)démocratie pour endiguer la vague extrémiste ? On peut en douter, tant ces mouvements apparaissent comme le fruit d'une réalité sociale mais aussi d'une géographie.

Malgré les rappels à l'ordre de la classe politique, près de 9 % d'électeurs s'apprêteraient à choisir Arlette Laguiller, tandis que 10 à 15 % du corps électoral resterait fidèle à Jean-Marie Le Pen. Autrement dit, près d'un quart de l'électorat reconnaît aux deux leaders des organisations les moins démocratiques une légitimité qu'ils dénient aux représentants des grands partis. Sous l'écume idéologique, «Arlette» et «Le Pen» endossent ainsi peu à peu l'habit de «candidat naturel» des couches populaires. En effet, opposés idéologiquement (bien que la lutte contre l'extrême droite n'ait jamais été une priorité de LO), Lutte ouvrière et le Front national rassemblent un électorat majoritairement populaire très perméable aux thématiques abordées par les deux formations : chômage-précarité ou insécurité-immigration. Paradoxalement, les discours des deux mouvements, loin de s'opposer, se complètent en couvrant un large spectre des causes de l'exaspération. Le glissement, au gré des circonstances, d'électeurs lepénistes vers le v