Lundi 25 mars à Buenos Aires, sous l'effet de ventes paniques, le peso argentin a plongé jusqu'à un cours proche des 4 pesos pour 1 dollar. Soit une dépréciation de 75 % depuis le 6 janvier, date à laquelle a été abandonnée la très contraignante Constitution monétaire instaurée en 1991, qui liait rigidement dollar et peso au taux d'un pour un. Malgré les déclarations du président Duhalde, qui avait estimé que le dollar ne dépasserait pas 1,70 peso, les épargnants se sont rués pour convertir leurs avoirs en dollars, dès lors qu'il est apparu que le FMI n'était toujours pas prêt à assister financièrement le pays. Il s'est ensuivi un stress social généralisé. On a vu beaucoup d'Argentins passer la nuit devant les portes des banques ou faire d'interminables files d'attente. Cette foule panique cherchant à tout prix à se débarrasser de ses pesos donne à voir une image du marché des changes fort éloignée de celle que nous livrent d'ordinaire les manuels d'économie : aux cambistes soucieux de calculer le juste prix au mieux de leurs informations ont succédé des individus affolés, voulant vendre à tout prix. L'Homo economicus a brutalement régressé au statut d'homme des foules. Il n'est pas difficile de comprendre le sens de ce phénomène : les Argentins, craignant un retour de l'hyperinflation, cherchent à préserver la valeur de leur épargne en acquérant des dollars. De cette façon, les classes moyennes tentent d'échapper à la paupérisation galopante. Or le mécanisme de marché livré
La crise monétaire argentine
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par André ORLEAN
publié le 1er avril 2002 à 22h53
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