«Impunité zéro», «tolérance zéro»... de droite à gauche, la surenchère va bon train qui fait de l'insécurité le fonds de commerce des politiques. Dans la panique d'une campagne qui a remisé tout projet de société, on feint de trouver le remède, serait-il emplâtre sur une jambe de bois. Traitez l'effet, mais n'interrogez pas la cause, désignez l'arbre à abattre, pour mieux cacher la forêt qui se meurt, étouffez le cri de la «fracture sociale», écartez le gêneur, enfermez, neuroleptisez, mais cachez donc ces enfants que nous ne saurions voir ! Ces enfants qui sont les nôtres, ne sont-ils pas ceux que notre société a fabriqués ? Sans nul doute, l'effondrement symbolique dont témoigne la montée de la violence appelle un remaniement des dispositifs, des pratiques, des moyens, des formations, qui va bien au-delà du projet sécuritaire comme fin en soi.
Car l'insécurité, c'est aussi la leur, l'insécurité d'un passé qui ne passe pas, l'insécurité du présent quand la jungle fait loi à la place de la Loi. Ils font peur parce qu'ils ont peur, une peur informe, dans l'impensé des traumas, qu'ils conjurent dans une fuite en avant. Là où de génération en génération, les mythes et contes apprivoisaient les peurs, ils furent happés par la violence hypnotique de l'écran, jusqu'à ce que, du virtuel au réel, ils passent à l'acte pour de vrai. Ils jouent avec le feu, sans savoir que c'est leur vie qu'ils brûlent, prêts à risquer la mort pour se sentir vivants. Ils pensent ne rien devoir à personn