Dommage pour Bayrou qu'il n'y ait pas eu autant de photographes pour l'accompagner mardi dans les quartiers strasbourgeois qu'il avait eu la veille de micros en meeting pour enregistrer son martial propos. En Alsace, le Béarnais du milieu, sentant sa fin prochaine, avait à son tour sacrifié à l'universelle angoisse sécuritaire («S'il faut plus de policiers, utilisons-les. S'il faut utiliser des forces armées, utilisons-les. Si on a besoin de vidéosurveillance, utilisons de la vidéosurveillance»), en prenant soin cependant de préciser qu'il s'exprimait là en tant que «modéré, humaniste, démocrate» et je ne sais plus quoi encore. Le lendemain, lâché dans l'enfer des djeuns des banlieues où, paraît-il, un gamin tenta de lui faire un peu les poches, Bayrou lui décocha une brève torgnole, fugitivement aperçue à la télé. Eût-elle été disséquée, passée et repassée en boucle et au ralenti, tel le crachat fameux décoché le mois dernier à la face de Chirac à Mantes-la-Jolie, que le candidat centriste en eût fait son profit électoral. La calotte de Bayrou, comme une réponse différée, eût lavé l'affront fait à Chirac. Elle eût héroïsé François Bayrou. Ainsi va le destin de l'homme mou, élu européo-pyrénéen. De temps à autre, un coup d'éclat et de son fait soulève la paupière torve de l'électeur indécis. «Tiens ! Bayrou ne s'est pas dégonflé !», dit une rumeur qui enfle et désenfle, au rythme incertain de ses tapages ponctuels. Il y avait eu Toulouse, réunissant l'Union mouvementée de la
La gifle
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publié le 12 avril 2002 à 23h00
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