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Libération
TRIBUNE

Chaque jour de guerre est un échec de plus

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publié le 17 avril 2002 à 23h03

Il faut faire attention à ne pas ajouter à la haine par de simples mots. Oui, nous en sommes arrivés à ce point : la haine s'est banalisée si vite que toute tentative d'explication doit d'abord passer son épreuve. On croyait la connaître mais elle revient avec toujours d'autres visages, des réserves d'énergie mauvaise. On pense la désamorcer par des euphémismes, d'étranges néologismes, mais «caillasser» un car scolaire par pure haine religieuse, cela reste le geste lâche de la lapidation. On veut expliquer l'intolérable, tolérer l'inexplicable. Et comme c'est déjà, partout, la culture de la haine qui triomphe ­ regardez seulement les panneaux publicitaires dans le métro ­, celle qui prend pour prétexte la guerre au Moyen-Orient veut se draper dans de bonnes causes quand elle est, en tout et pour tout, de la détestation.

Il y a tout juste vingt ans, j'achevais la préparation d'un numéro de la revue Autrement où, pour la première fois, des Israéliens et des Palestiniens de Jérusalem, chrétiens, juifs, musulmans, écrivaient ensemble sur cette ville. Je crois donc être capable de mesurer l'ampleur de la régression, du désastre. Ensuite, j'ai participé à la création de la Fondation Emile-Cohen, une association absolument indépendante dont le but est de favoriser l'entente judéo-arabe en récompensant des artistes qui oeuvrent dans ce sens. Mais quand la haine se met à hurler ainsi, la voix de l'artiste s'étiole, risque de s'éteindre.

Plus personnellement, le fait d'être juif d'Algér