Les événements dramatiques du Moyen-Orient suscitent parfois des prises de position dont l'absurdité me déconcerte car elles reviennent à détruire les valeurs que les auteurs de ces prises de position prétendent justement défendre. C'est ainsi que plusieurs scientifiques viennent de signer un appel, paru dans Libération (15 avril 2002), appelant à un moratoire sur les relations scientifiques et culturelles avec Israël.
Il est bien connu pourtant que ce sont les scientifiques, les intellectuels, les artistes qui, dans leur très grande majorité, représentent en Israël les forces de progrès. Ce sont eux qui essaient de relancer le processus de paix, qui tiennent un langage d'ouverture et de tolérance, qui s'efforcent, dans des conditions difficiles, de maintenir un dialogue et une collaboration avec leurs collègues palestiniens.
Couper les relations scientifiques et culturelles avec eux, avec les organisations dont ils dépendent pour continuer à travailler, revient à les affaiblir, à les isoler, à renforcer les extrémistes qui ne seront pas du tout affectés par ce qu'il faut bien appeler un boycott.
Qui plus est, une telle mesure pénalisera encore plus les scientifiques palestiniens pour qui les projets conjoints européo-israélo-palestiniens, financés par l'Union européenne, représentent un facteur essentiel pour le développement de leur activité.
C'est la raison pour laquelle je proteste avec la plus grande énergie contre une telle prise de position qui ne fera que fragiliser ceux