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Libération
TRIBUNE

Le sens d'une défaite

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publié le 25 avril 2002 à 23h10

La vie politique est cruelle. Lionel Jospin qui rêvait de battre Jacques Chirac au nom d'une vision morale de la vie publique sera finalement conduit à voter pour lui pour battre Jean-Marie Le Pen venu de l'extrême droite. On pouvait espérer meilleur destin pour un homme qui vient cependant de participer dignement à la modernisation politique de la France en annonçant dès son échec son retrait de la scène politique. Comment donc expliquer cette terrible défaite du Premier ministre sortant dont le bilan est loin d'être déshonorant ? Quelles perspectives s'ouvrent à la gauche maintenant que Lionel Jospin a annoncé son retrait de la vie politique française ?

Lionel Jospin a construit son équation politique autour de trois points : une certaine intégrité morale en politique provenant de son héritage protestant et renforcée par les dérives florentines de François Mitterrand, une vision rationnelle du politique, une réduction de celui-ci à des rapports entre appareils. Cette intégrité lui a toujours semblé être la clé de la réhabilitation du politique auprès de l'opinion en même temps que le ressort décisif de son combat contre Jacques Chirac. Or, ces deux éléments ne lui ont guère été utiles. Probablement parce que le discrédit qui frappe la classe politique est tel qu'il conduit les opinions à soutenir soit les cyniques ­ Berlusconi et, dans une moindre mesure, Jacques Chirac ­, soit les extrémistes qui ne promettent plus le grand soir mais le grand nettoyage politique : «Sortez