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Libération
TRIBUNE

Ne pas voter, c'est se défiler.

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publié le 26 avril 2002 à 23h10

Ceci est un message pour mes amis abstentionnistes, pour mes amis indécis, et pour un bon pourcentage de mes amis de gauche. Je me suis engagée ­ pour la première fois de ma vie ­ auprès de Lionel Jospin. J'ai appelé à voter pour lui au premier tour, au risque de l'incompréhension, sans parvenir à me persuader moi-même de la possibilité d'un scénario catastrophe. Nous n'étions pas si nombreux, parmi les écrivains, à prendre le risque si peu «littéraire» de soutenir le Premier ministre, à assumer de se placer du côté du pouvoir, à souligner ce que les socialistes avaient fait de bien dans l'exercice concret de ce pouvoir, plutôt qu'à enfoncer le clou des déceptions ou des échecs. Nous avions un Premier ministre intègre, et j'entendais «tous pourris». Il était à la tête d'un gouvernement qui a, entre autres, institué la couverture maladie universelle, le Pacs, la parité, qui a révolutionné le temps du travail... et j'entendais «droite et gauche, c'est pareil». Il part aujourd'hui avec une dignité rare en politique, et j'entends dire: «Il se défile», alors que la morale et le courage ­ mots laissés aux réactionnaires, ou moqués ­ exigent simplement qu'il laisse la place.

Or ce qui n'est pas pareil, c'est voter et ne pas voter. Ne pas voter, c'est se défiler. Ne pas choisir son camp face à des électeurs de Le Pen très mobilisés, c'est irresponsable. Confondre législatives et présidentielles, laisser les autres «voter utile», c'est se donner bonne conscience à très grands frais. E