Jospin, tu nous oublies
Jospin s'en va. Sa défaite est un échec personnel, dit-il. D'ailleurs, il est personnellement affecté. Jospin explique : «La décision que j'ai prise est la seule qui me permette d'être en accord avec moi-même.» Certes, il est important d'être en accord avec soi-même, n'est-ce pas ce que chacun cherche ? Et si l'heure exigeait d'être en accord avec le pays plutôt qu'avec soi-même ? M. Jospin devrait ouvrir le petit Robert et regarder sous «personnel». Il y trouverait cette citation de Roger Martin du Gard : «Refuser de servir... c'est faire passer son intérêt personnel avant l'intérêt général.»
Lionel Jospin voit dans l'échec de la gauche une petite affaire individuelle. Qui sait, peut-être même une déception amoureuse. Quoi, on le rejette ? Eh bien, il se retire de la vie politique. Et puisqu'on ne veut pas de lui, ce mal-aimé du peuple français va faire trois choses importantes : se consacrer à sa femme, aller au cinéma et se retirer dans l'île de Ré.
Pour les autres, immigrés, Blacks, beurs, juifs, métèques, homosexuels, féministes, c'est une autre affaire. Eux ne peuvent pas demeurer spectateurs. Stigmatisés, ils sont contraints d'agir. C'est leur peau qu'on veut avoir, c'est pour leur peau qu'ils vont lutter. Est-ce que monsieur Jospin a oublié qu'eux aussi sont la France, au même titre que lui ? Qu'il les a représentés comme Premier ministre et qu'aujourd'hui, plus que jamais, il a l'obligation de les défendre ? (...)
Gila Lustiger
Une journée sans Le