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Libération

«Solidarité avec les sans-bulletins»

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publié le 30 avril 2002 à 23h13

Offrir sa voix à celui qui n'en a pas

Les électeurs de gauche qui rechignent encore à voter Chirac au second tour risquent donc de s'abstenir. Sans doute s'imaginent-ils à l'abri du pire et conservent-ils, de fait, une confiance inébranlable dans les sondages ? Ces réticents devraient pourtant considérer l'éventualité d'un vote altruiste, un vote de solidarité : offrir sa voix à l'autre ­ enfant, parent, ami, employé, immigré, sans-papiers, sans domicile fixe... Celui qui n'a pas la possibilité d'exprimer son opposition au Front national. Mais qui risque d'en subir durement les conséquences. Voire même, pour les plus exposés d'entre eux, d'être internés dans des camps, juste avant de prendre un train spécial comme vient de l'affirmer Le Pen. Confronté à de telles menaces, et à bien d'autres encore, quel électeur républicain peut encore faire prévaloir ses états d'âme et assumer son abstention ?

Alors, dans cet état d'urgence, devenir le représentant, le parrain, le garant démocratique, le soutien d'un sans-bulletin, en utilisant son vote en faveur de ceux qui ont toutes les raisons de craindre le résultat du 5 mai, est-ce impensable ?

Est-il responsable, aujourd'hui encore, de se rassurer avec des sondages, des pronostics et des paris hasardeux ? Les jeux ne sont pas faits, tant s'en faut.

Chaque voix comptera, lourdement et durablement. L'extrême droite doit faire le plus petit score possible. Ce vote pour le candidat Chirac sera aussi un vote de solidarité à l'égard des moins