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Libération
TRIBUNE

Les beaux jours de la théorie du complot

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publié le 17 mai 2002 à 23h29

La théorie du complot se porte bien, merci. On peut même lui prédire un bel avenir et la fortune à ceux qui la propagent. Plus le monde nous échappe, plus elle nous aide à l'éclairer, fût-ce de façon caricaturale. Y recourir, c'est toujours chercher une explication simple à des phénomènes complexes. En ce domaine, les dix dernières années ont été fertiles : depuis la conspiration islamo-vaticano-germanique, invoquée par la Serbie de Milosevic, jusqu'à la mort de Lady Di, fruit d'horribles manipulations britanniques, l'extension du sida présentée comme le dessein délibéré d'éliminer les Africains, les gays, les toxicomanes sans oublier les procès d'homosexuels en Egypte soupçonnés dans leur «perversion» d'être des agents du sionisme, ou plus modestement les inondations de la baie de Somme en France au printemps 2001, attribuées à une malveillance parisienne.

Notre beau pays souffre-t-il ? C'est qu'il est victime de l'euromondialisme selon Jean-Marie Le Pen. Les synagogues brûlent-elles dans l'Hexagone ? Un coup du Mossad, nous certifie l'expert José Bové, nouveau VRP de la révolution planétaire. On nous suggérera peut-être bientôt que la tuerie de Nanterre était commanditée en haut lieu et que Richard Durn a été «suicidé» pour raisons d'Etat. Même les catastrophes naturelles, inondations, avalanches, cyclones ont désormais des responsables, sont animées d'intentions méchantes. Plutôt une causalité démente que pas de sens du tout.

Le 11 septembre ne pouvait se soustraire à cette