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Libération

La dette est-elle de droite ?

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publié le 3 juin 2002 à 23h48

Pendant la campagne électorale, Lionel Jospin s'était attiré de nombreuses critiques quand il avait reproché à Jacques Chirac de repousser aux calendes grecques la réduction des déficits et de renier les engagements européens. Pourtant, si cette initiative jospinienne était sans doute maladroite sur la forme (il n'est jamais très bon de se dissimuler derrière l'Europe et ses critères excessivement rigides), on aurait tort de voir là une prise de position de circonstance. Un peu partout, la gauche reproche à la droite de creuser les déficits.

Cette configuration politique nouvelle peut surprendre : dans le passé, on était habitué à une gauche keynésienne usant de la dette pour financer de nouvelles dépenses, face à une droite prônant l'orthodoxie budgétaire. Mais c'est là que les choses ont changé : à une époque où les dépenses publiques ont atteint ou dépassé 40 %-50 % du PIB dans la plupart des pays, l'endettement public est devenu une stratégie visant à réduire le poids de l'Etat, et non plus à l'accroître. Hier, on creusait les déficits en augmentant les dépenses. Aujourd'hui, on les creuse en réduisant les impôts, de façon à contraindre les gouvernements futurs à sabrer dans les dépenses.

Cette nouvelle stratégie a été inaugurée en fanfare par Reagan dans les années 80, et elle se poursuit actuellement sous Bush. Au cours des années 90, les démocrates avaient accumulé des excédents budgétaires afin de garantir le financement à long terme du système public de retraites. Ces