Majesté, voilà plus de dix ans, angoissé par l'interminable guerre israélo-palestinienne, j'adressai une lettre publique à votre père, le roi Hussein de Jordanie. Je lui rappelai mais il le savait bien lui-même que la Jordanie était coresponsable du conflit et qu'elle devait en conséquence participer elle aussi à la recherche d'une solution.
Le pays sur lequel vous régnez depuis la mort de votre père, Sire, a porté le nom de Palestine sur toutes les cartes du monde par une décision de l'empereur Hadrien en 312 de notre ère. Il n'est donc pas étonnant que sur les quelque trois millions d'habitants que compte votre pays 72 % sont des Palestiniens.
Votre famille n'est venue dans la région que récemment. Durant la Première Guerre mondiale, votre ancêtre Hussein ibn Ali, originaire du Hedjaz en Arabie, a négocié son soutien à la Grande-Bretagne dans la lutte contre l'Empire ottoman. En échange, le colonel Lawrence lui promit un grand royaume arabe, installé sur l'ensemble du Proche-Orient. Aussi participa-t-il avec ses trois fils, dont votre arrière-grand-père Abdallah (vous portez son nom), à la révolte anti-Turcs. Mais le 16 mai 1916, la France et la Grande-Bretagne se partagent la région : les accords Sykes-Picot. Hussein ibn Ali n'obtient que le trône de Bagdad. Votre arrière-grand-père Abdallah, lui, obtient de Winston Churchill, alors ministre des Colonies, une partie de la Palestine, les territoires à l'est du Jourdain, la Transjordanie. La Grande-Bretagne s'engagea à do