Milton Friedman et l'Ecole de Chicago nous avaient fait découvrir l'économie de l'ultra-libéralisme au début des années Thatcher et Reagan. Dix ans plus tard, Anthony Giddens avait aidé Tony Blair à rattraper Bill Clinton avec l'invention du social-libéralisme. Assistons-nous maintenant à un reflux, à l'émergence d'une droite oubliant son credo libéral ?
Les choix économiques de George W. Bush ont éclaté comme une série de coups de tonnerre. D'abord, à la suite des événements du 11 septembre, il choisit d'accorder une aide massive aux entreprises de transport aérien dont les problèmes de rentabilité sont bien antérieurs aux attentats de New York et de Washington, que ces derniers ont aggravés en un seul trimestre... Puis il décide en mars de faire appliquer une augmentation unilatérale des droits de douane sur l'acier, dans une fourchette variant entre 8 % et 30 %. Enfin, en mai, il accepte de signer un engagement du Sénat démocrate augmentant les subventions agricoles d'environ 80 %.
Les présidents ou directeurs de l'OMC, du FMI, de la Banque mondiale et de l'OCDE se sont émus. Ils se sont adressés collectivement et par écrit à leurs commanditaires politiques pour leur rappeler les bienfaits de la libéralisation du commerce international. Après la «nobélisation», l'automne dernier, de Joseph E. Stiglitz lequel avait démissionné de son poste d'économiste en chef de la Banque mondiale après avoir animé une contestation interne de ses politiques ultra-libérales , le Gotha du