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Libération

Interdit d'interdire

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publié le 7 juin 2002 à 23h51

Alors, au lendemain du meurtre de cette gamine de 15 ans par un de ses camarades désireux de passer à l'acte que lui avait inspiré un fameux film d'horreur, tout se passa comme exactement prévisible : pour la énième fois, on glosa sur cette chose si fragile et décidément étrange que constitue l'adolescence; on recensa le nombre de crimes commis en référence à et «pour faire comme dans» ce produit édifiant de l'industrie cinématographique (Scream, la trilogie de l'Américain Wes Craven); on s'indigna tout à la fois du laxisme télévisuel et de l'indifférence parentale; et, bien sûr, il y eut un aspirant à la députation, candidat de la «gauche unie» à Rambouillet, pour recquérir avec de mâles accents «le retrait immédiat, sur l'ensemble du territoire national, de la vente et de la location publique de toute cassette, disque DVD et autre support médias, sans oublier l'Internet (ben voyons ! ndlr), du film Scream».

M. Didier Fischer étant, à n'en pas douter un grand naïf dont la sortie opportuniste, mais virile, fait peu de cas du monde réel, on attendait de l'opinion éclairée qu'elle lui expliquât que ce n'était pas si simple; au lieu de quoi, son propos fut promu et relayé, et sollicités les avis ministériels de MM. Perben (de la Justice) et Aillagon (de la Culture). Bien emmerdés, l'un et l'autre tergiversèrent à coups de «faut voir» et de mission d'étude relative à cette bonne vieille influence de la télé sur la violence des ados, mais nul ne profita de l'hospitalité des ondes