Deux ans après, que reste-t-il de «l'affaire Renaud Camus», du nom de l'écrivain subtil et prolixe autour duquel s'orchestra, au printemps 2000, un fracas formidable ? Des accusations graves d'antisémitisme et de racisme, suscitées par la Campagne de France, titre de son journal de l'année 1994, il reste peu de chose... Le temps journalistique se situant, conflictuellement, à l'absolu opposé du temps littéraire, Camus poursuit en solitaire, dans Du sens (1), son infini entretien avec lui-même, entamé bien avant la polémique qui affola les pages dévolues aux polémiques ; à défaut de débattre, il se débat seul pour traquer et disséquer impitoyablement les non-dits de ses dits, dans une intime herméneutique dont la tenue a peu à voir avec un plaidoyer pro domo. Quant à ses médiatisés détracteurs, ils sont ailleurs, occupés, semble-t-il, à d'autres vanités («l'affaire Fallaci», peut-être ?) ce dont nul, et surtout pas Camus, ne saurait leur tenir rigueur, puisque c'est leur métier. Ils ont tranché, mais leur absence aujourd'hui laisse l'arrière-goût amer d'un inachèvement. Un aspect «il ne s'est rien passé» qui en rappelle un autre. En regard et en proportion de la «levée de boucliers» (2) de l'an 2000, la glose qui enveloppa, sur ces questions aussi, les trop bleus lendemains de la nuit du 21 avril, se réduit, faute de retour politique, à un tonitruant silence. L'orage forcit encore, pourtant, mais seul Camus aura été foudroyé. A étudier le dossier tel qu'il se repose sur
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