Le slogan, qui connaîtrait bientôt une fortune universelle, se découvrit sur les murs de Prague au mois d'août de 1968. «Lénine, réveille-toi, ils sont devenus fous !»... Ainsi parla le peuple de la capitale de l'encore Tchécoslovaquie aux troupes des «pays-frères» du Pacte de Varsovie venues écraser son Printemps. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous le pont Charles. Prague n'est plus dans la Slovaquie, les Etats ont explosé, à l'Orient européen, et le nationalisme aussi. Depuis qu'un mur tomba, la guerre froide s'est échauffée. Là-bas aussi, il advient que le football l'organise, tandis qu'il n'est plus personne pour écrire sur les murs de Pékin ou de Moscou : «Lénine, réveille-toi, ils sont devenus hooligans !», ainsi qu'en ont témoigné les émeutes ayant secoué ce week-end les capitales russe et chinoise ex-hauts lieux respectifs du socialisme réel et du communisme radieux. A Moscou, le but marqué par les Japonais à la sélection russe a allumé le feu de la rue ; à Pékin, la frustration de n'avoir pu assister à la retransmission du match opposant l'équipe nationale à celle du Brésil a généré les mêmes effets, en matière notable mais banale d'incendies de véhicules, de préférence policiers. Ici et là, et encore ailleurs, le Mondial de football s'érige en grand fédérateur. Pour le pire, quand il n'est plus besoin qu'Albion exporte ses buveurs de bière afin qu'essaiment partout des nazillons. Pour le meilleur, lorsque le Pékinois en prend prétexte pour manifester contre le r
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