Que serait notre football sans Zinédine Zidane ? En 1998, il est l'image du «beur» qui vient s'agréger à la bande déjà constituée de «blancs» et de «blacks». Exotisme ethnique. En 2002, il est réduit à une cuisse, dont la cicatrisation porte l'avenir de notre équipe nationale. Hier icône d'une complète communion, il est aujourd'hui une portion de corps dont seule importe la consolidation. Il en va de la réussite de notre pays dans cette Coupe du monde ! Drôle de destin qui voit un joueur, dans un cas rattaché à ses origines ethniques et, dans l'autre ramené à son efficacité organique.
Au-delà du simple effet des circonstances qui font que les émotions provoquées par la victoire sont souvent le ferment de constructions symboliques démesurées et la perspective d'une possible défaite qui accroît la froideur et la précision des analyses étiologiques , on peut lire dans ce destin l'itinéraire en raccourci d'une intégration réussie. Zinédine Zidane n'est-il pas la figure vivante des vicissitudes qui marquent et accompagnent les tribulations de qui part à l'aventure d'une possible intégration ? Hier étranger, marginal il y a peu et sauveur aujourd'hui, ces états marquent le périple qui voit les différences se fondre et enrichir l'orthodoxie.
Etranger il l'a été, comme l'est chacun lorsque, comme le précise Georg Simmel, «sa position est essentiellement déterminée par le fait qu'il n'appartient pas dès le départ au groupe, qu'il y importe des qualités qui ne proviennent pas et