La France est triste. Notre tristesse est d'autant plus profonde que nous étions nombreux à croire que notre équipe nationale, en raison, notamment, d'une attaque plus performante, était plus forte que celle de 1998 et qu'elle devait donc, en toute logique, gagner elle aussi la Coupe du monde. Nombreux aussi, avouons-le, à croire encore au miracle après les matchs contre le Sénégal et contre l'Uruguay, et cela malgré les incertitudes concernant la cuisse de Zinédine Zidane...

L'énorme déception causée par l'élimination de la France dès le premier tour se manifestera, dans l'opinion publique et dans les médias, par des critiques acerbes contre les joueurs et contre l'entraîneur. Certes, après une telle défaite, aussi surprenante et aussi totale, les questions sont inévitables et les critiques légitimes ­ ne serait-ce que parce qu'il faut, dès aujourd'hui, préparer l'avenir, c'est-à-dire essentiellement penser à l'équipe de France pour la prochaine Coupe d'Europe, dans deux ans ­, c'est-à-dire demain...

Mais il ne faut pas, pour autant, oublier. Il ne faut pas oublier l'immense bonheur que cette équipe, qui rentre prématurément et tristement en France, nous a donné en 1998, et aussi en 2000.

Nous ne pouvons pas oublier cette joie de tout un peuple, il y a quatre ans, cette joie qui réunissait la France d'en haut et la France d'en bas, sur les Champs-Elysées, mais aussi dans toutes nos villes et dans tous nos villages. Nous ne pouvons pas oublier cette nation parfois arrogante, ma