«C'est dur d'être gauche, surtout quand on n'est pas de droite», cette formule paradoxale et déjà ancienne de Guy Bedos est plus que jamais d'actualité. Au lendemain des résultats des élections, des représentants de la «gauche plurielle» ont continué d'affirmer qu'ils avaient bien travaillé et que le peuple avait été mal «éclairé» sur le travail accompli. A les entendre, le peuple une fois de plus a été trompé, manipulé par les médias et «l'hystérie sécuritaire». Vont-ils continuer à vouloir le «désaliéner» en lui donnant des leçons de morale ou reconnaître leur décalage ?
Comment faire comprendre à nombre de ténors de gauche que leur façon d'être et de parler, de rejeter les réalités qui dérangent, de diaboliser l'adversaire et d'avoir réponse à tout, peut produire des effets de repoussoir plus sûrement que le contenu de telle ou telle de leurs propositions ? Il ne s'agit pas d'une simple affaire de «communication» que les spécialistes déclarés pourraient parfaire, mais de l'enfermement dans un ghetto d'autosatisfaction et une posture technocratique qu'en son temps la gauche n'a pas manqué de reprocher à Juppé et à son gouvernement.
La gauche au pouvoir a inauguré une nouvelle façon déconcertante de gouverner. Elle n'a cessé d'appeler la société et les individus à être les «acteurs» d'une modernisation placée sous le signe d'un «changement» ou d'un «mouvement», que personne à vrai dire ne paraît en mesure de maîtriser et qui cède aux pressions du libéralisme économique. Son d