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Libération
TRIBUNE

Le silence des zapatistes

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par Yvon LE BOT
publié le 24 juin 2002 à 0h03

Voilà plus d'un an que Marcos et les siens, après le succès de leur marche sur Mexico et le revers que leur ont infligé députés et sénateurs, se sont retirés au Chiapas, dans la jungle lacandone, et gardent le silence. Voilà plusieurs mois qu'après s'être battu pendant des années et avoir réussi à faire d'Oaxaca le foyer d'un rayonnement culturel, Francisco Toledo, le plus indien et le plus universel des peintres mexicains vivants, s'est retiré dans l'asphalt jungle, la jungle de béton de Los Angeles. Pour pouvoir peindre.

Parcours apparemment opposés, en réalité symétriques. Le parallèle n'est pas gratuit, et il n'est pas indifférent que Toledo ait figuré parmi les personnes invitées par les zapatistes à les accompagner au Congrès lors de la session historique du 28 mars 2001.

Depuis, l'histoire est redevenue folle. En ces temps de divagation, de perte de repères et de bavardages, alors que les anciens «guides» disparaissent ou ne jouent plus ce rôle, Marcos et Toledo font figure de «jeunes anciens». Non pas en raison de leur âge, mais parce que ce sont des dissidents qui refusent de se laisser porter par le main stream et s'imposent des périodes de silence, condition de toute parole neuve, de toute création et de toute sagesse. Pour que les paroles ne se galvaudent pas, pour donner plus de poids aux mots qui seront dits demain.

Il y a un temps pour la parole et un temps pour se taire. Un temps pour écouter et méditer, un temps pour produire.

Dans les périodes de grande confusi