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Libération
TRIBUNE

Terrorisme... mais c'est bien sûr.

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publié le 25 juin 2002 à 0h04

En mai 1941, l'espion Richard Sorge prévient le GRU, service de renseignements de l'armée rouge, que l'Allemagne va attaquer l'Union soviétique le 20 juin suivant. Il fournit l'ordre de bataille de la Wehrmacht, mais se fait envoyer aux pelotes par Moscou. «Nous doutons de la véracité de votre information», lui répondent ses officiers traitants. L'offensive aura lieu avec seulement deux jours de retard... En novembre 1940, Winston Churchill est informé par les spécialistes des écoutes et du décryptage que la Luftwaffe prépare une attaque de terreur contre une cité anglaise. Ils connaissent même le nom de l'opération : «Sonate au clair de lune». Mais faute de savoir précisément quelle ville est visée, la Royal Air Force ne pourra empêcher Coventry d'être rayé de la carte dans la nuit du 14 au 15 novembre.

Ces rappels historiques, qui concernent deux pays possédant une solide tradition d'efficacité en matière de renseignement, doivent nous aider à relativiser les railleries autour des défaillances bien réelles du contre-terrorisme américain qui ont abouti au 11 septembre. Cette affaire est tragiquement d'une grande banalité. C'est presque une règle : après l'événement, on découvre que quelqu'un savait que quelque chose se préparait. Et ce quelqu'un oublie rarement de se rappeler à ses chefs sur le thème de «Je vous avais prévenu et vous ne m'avez pas écouté.» Toute l'histoire du renseignement regorge de tels exemples.

Alors, pourquoi se reproduisent-ils ? Parce que c'est inévita