Et Malraux dit : «Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas.» Les temps, gaulliens, que vivait ce vieil escroc d'André Malraux, étaient amateurs de sentences définitives ; celle-ci, de sujet du bac en journalistique tarte à la crème, fit fortune. Et nous y voilà, au spirituel XXIe siècle, tout imprégné de religiosité, qui est le plus sûr fourrier du nationalisme belliciste (1). Dans ce contexte de Mon-dieu-à-moi-est-plus-couillu-que-le-tien !, il faut saluer le courage du citoyen Michael Newdow, déclencheur, dans l'Amérique 11-septembrisée, d'un tollé à côté de quoi le chahut de notre Marseillaise fait figure de pipi de chat. Newdow, qui est de son état médecin et, en sa conscience, libre-penseur ­ situation peu confortable, dans un pays où la pratique de l'IVG ou le seul enseignement de Darwin peut vous coller aux basques une meute de furieux et d'assassins au sacré nom de Dieu. L'Etat moins rustique de Californie s'était trouvé mercredi un tribunal pour juger, sur plainte du citoyen Newdow, que le serment d'allégeance au drapeau ânonné par les écoliers du pays, était anticonstitutionnel (Libération des 27 et 28 juin). Tandis que l'arrêt sacrilège de la cour d'appel de San Francisco soulevait le Congrès, la Cour suprême entérinait, jeudi, le financement public des écoles confessionnelles de Cleveland (Ohio). C'est à de ces coups discrets et multiples portés à la séparation de l'Eglise et de l'Etat, érigée en principe grinçant comme girouette mal graissée, que l'on mesure