Pour sa déclaration de politique générale, M. Raffarin s'est distingué de ses prédécesseurs. En partie malgré lui. D'ordinaire, un nouveau Premier Ministre engage sa responsabilité en reprenant les propositions du président élu, approuvées expressément par le peuple. Là, face à l'extrême droite, on se rappelle que le vote s'est fait sur d'autres bases. C'est donc après coup, en une séquence inversée, que cette déclaration devait fixer le programme sur lequel la majorité sera, le moment venu, jugée. En outre, le président de la République, avant même son Premier ministre, avait tenu à adresser un substantiel message aux parlementaires. C'est bien à l'Elysée que l'essentiel désormais se joue. Dont acte.
1. Pour un gouvernement, les débuts sont toujours révélateurs. M. Raffarin avait insisté longuement sur le dialogue. Sa pratique est déjà différente. On vient de le voir avec le Smic, pour lequel, sans concertation sociale si ce n'est avec le patronat, il a refusé tout coup de pouce. Quant au dialogue politique avec l'opposition, voire avec la minorité de la majorité, il ne faudrait pas que l'outil fétiche devienne le rouleau compresseur : l'attribution parlementaire monocolore des postes clefs, le recours aux ordonnances, sont des signes inquiétants. Autre fait marquant : la contradiction entre les promesses préélectorales et les premières décisions. Les cotisations sociales devaient diminuer, elles augmentent. Le pouvoir d'achat des bas salaires devait être soutenu, c'est l'in