Bertrand Delanoë se refuse à aménager la prostitution à Paris. En la considérant comme une «forme d'esclavage», le maire met fin à la controverse soulevée par Françoise de Panafieu lors de sa proposition de réouverture des maisons closes.
Regarder la prostitution sous l'angle de l'esclavage est une manière brutale de court-circuiter le débat. En effet, qui, dans ces termes, pourrait encore défendre la prostitution ?
Il existe, pourtant, une autre façon de problématiser la question en la présentant non pas sous sa forme négative mais plutôt sous sa forme positive, à savoir, celle qui relève de la liberté. Liberté de disposer de son corps en général et plus particulièrement liberté d'agir érotiquement sans contraintes, c'est-à-dire, de s'exprimer sexuellement selon ses propres choix. En tant que manifestation de la vie privée, la liberté sexuelle implique la possibilité d'entretenir des relations sexuelles avec qui nous souhaitons et dans les conditions convenues avec nos partenaires. Le rôle d'un Etat démocratique est de garantir l'exercice de cette liberté sans contraintes, car la capacité à consentir constitue le soubassement éthique de cette liberté. Elle implique aussi le choix d'avoir des rapports sexuels avec une ou plusieurs personnes, gratuitement ou moyennant rétribution.
La seule limite à une telle liberté consiste en l'existence de préjudice à autrui. En ce sens, l'exploitation liée au commerce sexuel doit être vigoureusement dénoncée. Il est cependant dangereux de co