Le bilan des tentatives d'amélioration du système judiciaire et du droit (loi «sécurité-liberté», loi Fauchon sur les délits non intentionnels, loi «anti-arrêt Perruche») ne peut être que calamiteux : il est le produit d'une erreur de méthode. Au lieu d'améliorer la qualité de l'exercice des fonctions d'enquêteur, de juge ou d'expert, par la for mation, l'adaptation des moyens et l'évaluation des pratiques, on se contente de compliquer les textes. Les lois opportunistes, comme les maladies du même nom, font des dégâts parce qu'elles se développent sur un organisme malade, en l'espèce une justice appauvrie, lente et hésitante. Les virus qui s'expriment ont pour nom clientélisme et précipitation. Ils produisent des textes qui ne sont pas votés pour améliorer le droit, mais pour satisfaire une promesse ou dénouer une crise, sans craindre de mettre à mal l'équité et le service rendu à la collectivité.
Le non-lieu qui met fin aux procès de la contamination du sang par le virus du sida n'est pas seulement un drame pour les familles des victimes, c'est également le témoignage d'une justice sinistrée, incapable d'instruire et de juger dans des délais raisonnables. Si elle s'imposait, cette jurisprudence constituerait un handicap pour la compréhension et la correction des erreurs de santé publique provoquées par la négligence, l'incompétence ou l'insuffisance des moyens. A l'inverse des enquêtes pénales, les procédures civiles et administratives ne permettent pas les enquêtes approfon