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Libération
Critique

La machine à perdre

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publié le 9 juillet 2002 à 0h21

Impossible mais vrai. «Une bonne campagne ne peut pas faire gagner un mauvais candidat. Mais une mauvaise campagne peut faire perdre un bon candidat.» La sentence est de Jacques Séguéla, grand prêtre de la communication érigé en mascotte socialiste depuis la victoire de François Mitterrand en 1981. Selon Denis Pingaud, Lionel Jospin était un bon candidat. Fort d'un bilan gouvernemental honnête, d'une crédibilité appréciée et d'une équipe compétente, il n'aurait dû faire qu'une bouchée d'un Jacques Chirac «usé», «vieilli» et «fatigué». C'est donc d'abord une aventure collective entamée dans l'euphorie, devenue corvée et achevée en débâcle qui explique «l'impossible défaite» du candidat socialiste.

Dans cet ouvrage paru quelques jours à peine après le second tour de la présidentielle, l'auteur raconte avec force détails et informations de première main cette grosse machinerie sans tête qui, loin de parler aux Français, s'est parlé à elle-même pendant soixante jours dans le huis clos de l'Atelier. Comme les réalisateurs du documentaire Comme un coup de tonnerre, diffusé il y a deux semaines sur France 2, Denis Pingaud a bénéficié d'un accès privilégié au coeur même du dispositif du candidat. Il y a puisé nombre d'anecdotes significatives de la cécité collective qui a frappé les socialistes. Rien, ni les plaintes d'une «France d'en bas» qui souffre, ni les déchirements des communautés traumatisées par le conflit du Proche-Orient, pas même la montée en puissance de la menace lepén