On ne sait pas très bien où l'on va, mais on y va. Voilà en substance comment résumer la situation immédiate sur l'annonce de la création en France des «centres éducatifs fermés» pour mineurs délinquants multirécidivistes. Sur une question d'une telle importance, il conviendrait de commencer par clarifier ce que l'on recherche, ce que l'on demande et à qui on le demande, ne serait-ce que pour voir ensuite s'il sera possible de le réaliser, faute de quoi cela s'appelle programmer un échec.
Les mineurs délinquants en France peuvent déjà faire l'objet d'une condamnation qui les prive de leur liberté et, pour les plus de 16 ans, ils peuvent être mis en détention provisoire. Dans notre système de traitement pénal de la délinquance juvénile, l'enfermement existe donc et il est largement utilisé ; plus de 900 mineurs sont actuellement détenus dans les prisons françaises. Ce même système pénal permet également d'avoir recours à des mesures qui séparent le mineur de son milieu de vie, l'éloignent de son environnement habituel par le moyen d'un placement dans des établissements spécialisés dont certains sont, d'ailleurs, conçus avec un encadrement adulte particulièrement fort. Il y a donc bien un choix possible entre enfermement et liberté, et ce choix correspond à des considérations très précises.
La première, c'est que l'on peut priver quelqu'un de sa liberté uniquement pour le punir après une transgression grave des règles fondamentales qui régissent la vie en société ; en clair pour