Les controverses sur les vertus et les effets pervers de l'Etat-providence semblent, à présent, d'un autre siècle. Partout en Europe, et en France également, l'heure est au workfare, à l'adaptation «à tout prix» de la main-d'oeuvre aux besoins immédiats des employeurs.
Dans la plupart des pays de l'Union européenne, les politiques de «retour à l'emploi» consistent d'abord en une généralisation, pour les chômeurs, des stages de formation sous forte contrainte, qui leur imposent d'en «rabattre» quant à leurs prétentions initiales. Les demandeurs d'emploi se doivent d'être employables, disponibles, adaptables, mobiles. Il faut savoir refouler ses désirs de formation, mettre de côté ses qualifications, son métier antérieur, ses anticipations salariales. Le demandeur d'emploi est vigoureusement incité à formaliser un projet «réaliste», c'est-à-dire réalisable dans le délai le plus court sur le bassin d'emploi dont il dépend. Dans les «ateliers de recherche active d'emploi», mis en place en Belgique et en France, sur le modèle canadien, c'est le chômeur lui-même qui doit formuler son projet, élaborer sa propre stratégie de «retour à l'emploi», tout en sachant qu'une formation longue lui sera impossible, et qu'on lui tiendra rigueur d'un échec. Le dispositif renvoie vers l'individu la responsabilité de sa situation. En Angleterre, les bénéficiaires du job seeker allowance ne peuvent pas accéder à des formations d'une durée supérieure à 16 heures hebdomadaires. En Espagne, le gouvern