Sous nos yeux s'érige un mur de séparation entre Israël et les Palestiniens, présenté comme «temporaire», «aux seules fins de sécurité». Il englobe dans ses limites la plupart des colonies des territoires occupés et, apparemment, n'a pas pour but de tracer la frontière politique future entre Israël et l'Autorité palestinienne.
«Les bonnes clôtures font les bons voisins», affirmait le poète Robert Frost... Mais ni Israël ni la Palestine ne sont de «bons voisins», et c'est pourquoi se fait sentir ce besoin urgent, concret et de principe à la fois, d'établir une frontière entre eux ; une frontière aux moyens de défense et de séparation sophistiqués et des passages convenus entre eux. Une telle frontière protégera les uns des autres, aidera à l'établissement de relations mais, surtout, obligera chacun d'eux à s'emparer, enfin, de l'idée même de frontière. Idée encore nébuleuse, fugace, problématique pour chacun d'eux, après plus d'un siècle de vie sans frontières précises et l'intrusion incessante de l'identité de l'un dans celle d'autre.
Mais, à mon sens, l'érection d'une telle fron tière de manière unilatérale, en ce moment, représente un grand danger sans un accord de paix quelconque, alors même que les foyers de conflit principaux «brûlent» encore et avant que les deux parties n'aient épuisé toutes les chances de dialogue. Ce mur, même s'il devait réduire momentanément les actes de terrorisme, m'apparaît comme une initiative de plus, brouillonne, destinée à offrir aux Israélie