«Guerre pour un caillou», titrait Libération jeudi 18 juillet à propos de Persil. Un caillou aride ? Les noms marocain et espagnol évoquent autre chose. Leila, une femme ? Perijil (le persil), une herbe ? L'île est encore appelée Coral (le corail) en espagnol. La vérité sort de la confrontation de ces noms, puisque ce caillou aride est situé sur le territoire de Calypso, fille du géant Atlas ; elle y a retenu prisonnier Ulysse pendant sept ans lors de son retour de Troie. C'est Victor Berard, normalien, helléniste, traducteur d'Homère et passionné de marine, qui a révélé l'affaire dans ses travaux sur les voyages d'Ulysse réalisés au début du XXe siècle (les Navigations d'Ulysse, tome 3, «Calypso et la mer de l'Atlantide», Paris, Libraire Armand Colin, nouvelle édition 1971, pp. 219-388). Il montra en étudiant le texte d'Homère que ce site était connu des Grecs anciens, et que certains commentateurs en avaient fait également un reste de l'Atlantide. Il raconta la longue histoire des conflits sur ce caillou. Par exemple, en 1887, les Espagnols avaient planté un drapeau qui fut arraché par une expédition ordonnée par le pacha de Tanger (op. cit., p. 319). L'Espagne se désintéressa de l'affaire ; à l'époque, les Anglais étaient plus intéressés par le site, qui leur permettait avec Gibraltar de contrôler l'ensemble du détroit. Berard eut beaucoup de difficultés à faire ses repérages sur place en 1908 et 1912 : c'était le début des conflits dans le Rif et la France était impliqué
Persil, Leila? Non: Ogygie, l'île de Calypso
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publié le 22 juillet 2002 à 0h28
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