Jack Lang, en 1982. Féroce et obstiné. Dix-neuf ans plus tard, Ségolène Royal. Une fois, deux fois, revenant à la charge. Puis, tout récemment, Dominique Baudis puis Christine Boutin appelant le Parlement à la rescousse. Ils s'y mettent tous, à gauche, à droite. C'est l'hallali. «Pour protéger nos enfants», disent-ils tous. Ah bon ? Les protéger de quoi ? De la guerre, de la famine, de la brutalité, des maladies ? Non. Pour les protéger du spectacle de l'amour physique. Présupposé de leur sainte croisade : le sexe, c'est sale, c'est dangereux ; la vue d'une caresse ou d'un accouplement est nuisible à l'équilibre psychologique de nos têtes blondes. Voici donc le nouvel étendard sacré : la protection des jeunes générations. Il est bien, cet étendard. On peut se cacher derrière. Celui qui ne s'y rallie pas est forcément un anarchiste et un pédophile. Haro sur le porno télévisé.
En 1999, dans Porno Blues, j'écrivais : «Le X, tel qu'on le connaît, est le fruit des enfants de 68, c'est un bien culturel précieux. En 1975, Jean Royer, maire de Tours, interdisant les pornos dans sa ville, soulevait des vagues d'indignation. Comme il est loin ce temps-là... Et comme il faut être aveugle pour croire, comme on le lit partout, que le combat contre la censure et l'ordre moral a été gagné. Avez-vous remarqué que jamais, depuis longtemps, la société française n'a été aussi frileusement réactionnaire face à la liberté des moeurs ?.... Pierre Louÿs, Apollinaire, Georges Bataille, Tony Duvert,