Menu
Libération

Dumas, la paralittérature mythique

Article réservé aux abonnés
Le grand talent du futur panthéonisé, c'est d'avoir fait accéder au rang de mythe certains de ses héros, tel D'Artagnan, dont la psychologie est pourtant très ténue.
par Umberto ECO
publié le 30 juillet 2002 à 0h32
(mis à jour le 30 juillet 2002 à 0h32)

«Libération» publie tous les mois une chronique de l'écrivain italien Umberto Eco, dont le dernier roman, «Baudolino», est paru en français chez Grasset.

J'ai appris qu'en France de vives discussions ont eu lieu lorsque Villers-Cotterêts, ville natale d'Alexandre Dumas, s'est opposée au transfert (1) des cendres du célèbre romancier au Panthéon à Paris.

Je crains qu'en Italie on n'apprécie guère l'idée que ce grand auteur populaire repose aux côtés de ceux qui sont entrés au Panthéon par voie de décret scolastique.

Mais, dans le fond, en Italie comme ailleurs, la distinction entre littérature et ce qu'on appelle paralittérature n'est pas si évidente à établir.

La paralittérature existe, c'est incontestable. Elle englobe principalement les policiers de série B, les romans à l'eau de rose, la pornographie de seconde zone ­ toute cette littérature de hall de gare dont le seul objectif est de divertir, et qui ne soulève aucun problème de style ou d'inventivité (bien au contraire : ces ouvrages sont promis au succès dès lors qu'ils respectent un schéma répétitif et éprouvé, désormais cher au lecteur).

A cet égard, Dumas faisait-il sciemment de la paralittérature ou rédigeait-il tout simplement sans se poser de questions, comme le suggèrent certains de ses travaux critiques ?

Pour un grand nombre de ses livres, il a eu recours à des nègres et, payé à la ligne, il allongeait volontiers ses récits. Mais, dans certaines de ses oeuvres, il est parvenu à créer des personnages que l'on peut q