Oubliez le titre, naïvement ironique. Négligez une quatrième de couverture maladroite et tonitruante. Le sous-titre promet plus qu'il n'en donne : Confessions d'un lieutenant-colonel des renseignements israéliens. Mais il tient plus que ce qu'il annonce...
Cette confession, d'abord : «J'aurais pu changer de nom : Raphaël de Sainte-Ville, Roger Boulard, Malcolm X, X. Et un Noir, est-ce qu'il peut changer de couleur ? C'est mon nom, voilà tout. Alors, pour moi, Jérusalem n'est ni une ville sainte ni un enjeu politique ; ça n'a rien de mystique. C'est la ville dont je porte le nom. Il n'y a pas de quoi en faire une histoire, même si ce nom figure sur les listes de transport pour Auschwitz. Pas de quoi aller se faire tuer pour ça.»
Pas de quoi se faire tuer, mais pourquoi pas y vivre ? Raphaël Jérusalmy est né à Paris, titi de Montmartre, dans une famille où l'on aime les vieux livres ; il a très tôt une idole qui ne le quittera plus, Henri Michaux, réussit l'Ecole normale supérieure, adore les bars, les éditions rares, regarde d'un oeil amusé la «contestation» soixante-huitarde, et finit par atterrir «dans le seul et unique mouvement de masse auquel j'ai jamais adhéré à part Tsahal, les punks». Ce seront donc, après des études talmudiques l'après-midi, les nuitées speeds du Palace et virées alcoolisées avec Alain Pacadis, Kiki Picasso, Fabrice Emmaer et consorts. Un peu de chroniques aussi dans le Droit de vivre, qui le signale à l'intention d'observateurs exercés pour ses facult